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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/318

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ÉLOGE DE M. DE LUYNES.


ÉLOGE DE M. LE CARDINAL DE LUYNES.


Paul d’Albert de Luynes, cardinal-prêtre de la sainte église romaine ; archevêque de Sens, primat des Gaules et de Germanie ; abbé de Corbie ; commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, etc., etc. ; de l’Académie française et de celle des sciences, etc., naquit à Versailles le 5 février 1703, d’Honoré-Charles d’Albert, duc de Luynes et de Montfort, connu sous ce dernier nom, et d’Anne-Jeanne de Courcillon, fille du marquis de Dangeau, l’un de nos premiers académiciens.

Le duc de Montfort était arrière-petit-fils de Charles d’Albert, qui mourut à quarante-trois ans connétable, garde des sceaux, premier ministre, et dont la mort prompte ne permit pas de juger si cette élévation si rapide, souillée par la mort des Concini, et par la prison de la mère du roi, était au moins justifiée par des talents réels.

M. le cardinal de Luynes, colonel à seize ans, fut évêque de Bayeux à vingt-six.

Le goût des sciences est héréditaire dans les deux branches de la maison de Luynes. Le duc de Chevreuse qui, à la cour de Louis XIV, osa presque seul se montrer l’ami de Fénelon dans la disgrâce, s’était instruit chez les solitaires de Port-Royal dans les principes de la nouvelle philosophie de son temps : car chaque siècle et presque chaque génération a la sienne, qui, toujours calomniée par la sottise contemporaine, devient ensuite l’un des préjugés de la