Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
337
ÉLOGE DE M. DE BUFFON.

Les objections de quelques critiques, des observations nouvelles, des faits anciennement connus, mais qui lui avaient échappé, forcèrent M. de Buffon d’abandonner quelques points de sa théorie de la terre.

Mais dans ses Époques de la nature, ouvrage destiné à rendre compte de ses vues nouvelles, à modifier ou à défendre ses principes, il semble redoubler de hardiesse à proportion des pertes que son système a essuyées, le défendre avec plus de force lorsqu’on l’aurait cru réduit à l’abandonner, et balancer, par la grandeur de ses idées, par la magnificence de son style, par le poids de son nom, l’autorité des savants réunis, et même celle des faits et des calculs.

La théorie de la terre fut suivie de l’histoire de l’homme, qui en a reçu ou usurpé l’empire.

La nature a couvert d’un voile impénétrable les lois qui président à la reproduction des êtres ; M. de Buffon essaya de le lever, ou plutôt de deviner ce qu’il cachait ; dans les liqueurs, où les autres naturalistes avaient vu des animaux, il n’aperçut que des molécules organiques, éléments communs de tous les êtres animés ; les infusions de diverses matières animales, et celles des graines, présentaient les mêmes molécules, avec plus ou moins d’abondance. Elles servent donc également à la reproduction des êtres, à leur accroissement, à leur conservation ; elles existent dans les aliments dont ils se nourrissent, circulent dans leurs liqueurs, s’unissent à chacun de leurs organes pour réparer les pertes