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ÉLOGE DE M. EULER.


dans les lunettes, la destruction des iris qui colorent les objets vus à travers les verres lenticulaires : M. Euler était convaincu de la possibilité du succès, d’après cette idée métaphysique, que si l’œil a été composé de diverses humeurs, c’est uniquement dans l'intention de détruire les effets de l’aberration de réfrangibilité ; il ne s’agissait donc que de chercher à imiter l’opération de la nature, et il en proposa les moyens, d’après une théorie qu’il s’était formée. Ses premiers essais excitèrent les physiciens à s’occuper d’un objet qu’ils paraissaient avoir négligé ; leurs expériences ne s’accordèrent point avec la théorie de M. Euler, mais elles confirmèrent les vues qu’il avait eues sur la perfection des lunettes. Instruit alors par eux des lois de la dispersion dans les différents milieux, il abandonna ses premières idées, soumit au calcul les résultats de leurs expériences, et enrichit la dioptrique de formules analytiques, simples, commodes, générales, applicables à tous les instruments qu’on peut construire.

On a encore de M. Euler quelques essais sur la théorie générale de la lumière, dont il cherchait à concilier les phénomènes avec les lois des oscillations d’un fluide, parce que l’hypothèse de l’émission des rayons en ligne droite lui paraissait présenter des difficultés insurmontables.

La théorie de l’aimant, celle de la propagation du feu, les lois de la cohésion des corps et celles des frottements, devinrent aussi pour lui l’occasion de savants calculs, appuyés malheureusement sur des hypothèses plutôt que sur des expériences.