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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/363

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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


ralistes, à qui dès lors les objets dignes d’être observés échappent plus difficilement.

La botanique, la métallurgie, les parties de l’histoire naturelle immédiatement utiles à la médecine, au commerce, aux manufactures, avaient été encouragées ; mais c’est à la science même, à cette science comme ayant pour objet la connaissance de la nature, que M. de Buffon a su le premier intéresser les souverains, les grands, les hommes publics de toutes les nations. Plus sûrs d’obtenir des récompenses, pouvant aspirer enfin à cette gloire populaire que les vrais savants savent apprécier mieux que les autres hommes, et qu’ils ne méprisent point, les naturalistes se sont livrés à leurs travaux avec une ardeur nouvelle : on les a vus se multiplier à la voix de M. de Buffon, dans les provinces comme dans les capitales, dans les autres parties du monde comme dans l’Europe. Sans doute on avait cherché, avant lui, à faire sentir l’utilité de l’étude de la nature ; la science n’était pas négligée ; la curiosité humaine s’était portée dans les pays éloignés, avait voulu connaître la surface de la terre et pénétrer dans son sein ; mais on peut appliquera M. de Buffon ce que lui-même a dit d’un autre philosophe également célèbre, son rival dans l’art d’écrire, comme lui plus utile peut-être par l’effet de ses ouvrages que par les vérités qu’ils renferment. D’autres avaient dit les mêmes choses, mais il les a commandées au nom de la nature, et on lui a obéi.

Peut-être le talent d’inspirer aux autres son enthousiasme, de les forcer de concourir aux mêmes