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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/398

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ÉLOGE DE FRANKLIN.


entre les deux surfaces isolées d’un corps idio-électrique, et le retour instantané de l’équilibre, quand on établit entre elles une communication.

Bientôt après il aperçoit entre les effets du tonnerre et ceux de l’électricité une analogie qui le frappe. Il imagine un appareil au moyen duquel il propose d’interroger le ciel ; on tente l’expérience, et la réponse confirme ses conjectures. Ainsi, la cause de la foudre est connue. Ses effets si variés, si bizarres en apparence, sont non-seulement expliqués, mais imités, seule preuve vraiment démonstrative des théories qui ne sont pas encore réduites à des lois calculées. On sait, enfin, pourquoi le tonnerre suit paisiblement certains corps et en disperse d’autres avec fracas ; pourquoi il fond les métaux, et tantôt brise avec éclat, tantôt semble respecter les substances qui les environnent. Mais c’était peu de pouvoir imiter la foudre. Franklin conçoit l’audacieuse idée d’en détourner les coups. Il a observé qu’une pointe, en rétablissant lentement l’équilibre entre des masses différemment électriques, même à une distance où des corps mous n’exerceraient aucune action, arrêtait ou diminuait la force des étincelles, et affaiblissait ou faisait disparaître tous les phénomènes. Il imagine qu’une barre de fer pointue, dont la base s’unissant à la terre humide, pourrait établir une communication entre un nuage et le globe, préviendrait l’explosion de la foudre, et garantirait les objets qui avoisinent le conducteur. Le succès répond à son attente, et l’homme tient dans ses mains le pouvoir de désarmer le ciel.