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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/435

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ÉLOGE DE CAMPER.


de Boyle et de Newton établir avec une sagesse paisible la constitution la plus libre qui pût alors exister sur la terre.

Qui peut ignorer encore que les peuples n’ont pas à choisir entre cultiver les sciences ou ramper sous le joug des préjugés ? Car, dans l’ordre naturelles lumières politiques marchent à leur suite, s’appuient sur leurs progrès, ou ne jettent, comme chez les anciens, qu’un éclat incertain, passager et troublé d’orages. Défions-nous donc de ces détracteurs envieux, qui osent accuser les sciences de se plaire sous le despotisme : sans doute, ils sentent confusément que les nations dépourvues de lumières sont plus aisées à tromper ou à conduire ; que plus un peuple est éclairé, plus ses suffrages sont difficiles à surprendre. Ils craignent ce patriotisme de la raison et de la vertu, dont l’hypocrisie ne peut ni contrefaire le caractère ni tromper la pénétration ; et, cachant l’envie de dominer sous le masque de l’enthousiasme pour la liberté, ils semblent avoir deviné que, même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est toujours esclave.

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ÉLOGE DE M. CAMPER.


Pierre Camper, membre du conseil d’État des Provinces-Unies, et député à l’assemblée des états de la province de Frise ; docteur en philosophie et en médecine, et professeur honoraire d’anatomie et de