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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/438

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ÉLOGE DE CAMPER.


avec le plus de succès. La piété filiale ne lui permit de quitter son pays qu’à l’âge de vingt-six ans, et ses voyages n’en ont été que plus utiles.

Une instruction méthodique et sédentaire est la seule qui convienne à des esprits que l’étude et une première expérience de leurs forces n’ont point encore formés. Toute éducation qui, comme celle des voyages, présente autant de préjugés à éviter que de vérités à retenir, qui offre sans ordre les faits de toutes les sciences, les principes de toutes les écoles, les opinions de tous les hommes célèbres, glisse nécessairement sur un esprit trop jeune, corrompt un esprit vain et léger, au lieu de le perfectionner et de l’agrandir. Il faut, pour profiter d’une telle instruction, être en état de classer ce qu’on apprend sans ordre, et de distinguer dans les vérités mêmes, ce que les préjugés de pays et de secte y ont mêlé d’étranger.

C’est dans ses voyages que Camper apprit à connaître quel esprit dirigeait, dans l’Europe entière, l’étude des sciences physiques ; il vit que leurs différentes branches tendaient à se réunir sous les lois communes d’une philosophie qui les embrassait toutes ; et que, pour celle qu’il professait, c’était dans l’anatomie comparée, dans l’étude des rapports qui peuvent éclairer sur les lois de l’organisation générale des êtres, dans l’art de s’élever de l’observation à des résultats philosophiques, qu’il fallait chercher la seule route qui pût le conduire à une gloire brillante.

Dans un discours sur la comparaison des ani-