animaux inoculés étaient préservés pour l’avenir,
cette opération, presque aussi meurtrière que la
maladie naturelle, ne paraissait d’aucun secours ; et
les efforts de l’art avaient été longtemps inutiles,
lorsque M. Camper apprit d’un cultivateur que l’inoculation, appliquée sur des veaux nés de mères
guéries de la maladie, était presque sans danger.
Le savant anatomiste confirma cette observation par
des expériences qui réussirent, et il en tira un
moyen de prévenir la mortalité par des inoculations
répétées pendant deux générations. En général, les
maladies contagieuses semblent s’affaiblir en parcourant
les générations successives ; il semble qu’il
s’établisse alors entre les humeurs et le virus particulier de ces maladies, entre l’organisation générale et les effets de ces poisons, une sorte d’analogie qui rend moins terrible le bouleversement qu’ils produisent dans l’économie animale. Peut-être il n’est pas absurde d’espérer que ces fléaux qui, à leur
première apparition, semblaient menacer d’une
destruction totale l’espèce qu’ils attaquaient, finiront
par disparaître avec le temps. En même temps,
comme jamais aucun ne s’est spontanément déclaré
soit chez les hommes dans des pays libres et civilisés,
parmi les classes qui ne sont exposées ni à une
vie malsaine, ni à la misère, soit chez les animaux
domestiques, dans les contrées où le cultivateur qui
les nourrit est dans l’aisance, pourquoi ne pas attendre
du progrès de l’espèce humaine qu’un temps
viendra où l’on n’aura plus à craindre qu’il en reparaisse de nouveaux ?
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ÉLOGE DE CAMPER.
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