Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
431
ÉLOGE DE CAMPER.


animaux inoculés étaient préservés pour l’avenir, cette opération, presque aussi meurtrière que la maladie naturelle, ne paraissait d’aucun secours ; et les efforts de l’art avaient été longtemps inutiles, lorsque M. Camper apprit d’un cultivateur que l’inoculation, appliquée sur des veaux nés de mères guéries de la maladie, était presque sans danger. Le savant anatomiste confirma cette observation par des expériences qui réussirent, et il en tira un moyen de prévenir la mortalité par des inoculations répétées pendant deux générations. En général, les maladies contagieuses semblent s’affaiblir en parcourant les générations successives ; il semble qu’il s’établisse alors entre les humeurs et le virus particulier de ces maladies, entre l’organisation générale et les effets de ces poisons, une sorte d’analogie qui rend moins terrible le bouleversement qu’ils produisent dans l’économie animale. Peut-être il n’est pas absurde d’espérer que ces fléaux qui, à leur première apparition, semblaient menacer d’une destruction totale l’espèce qu’ils attaquaient, finiront par disparaître avec le temps. En même temps, comme jamais aucun ne s’est spontanément déclaré soit chez les hommes dans des pays libres et civilisés, parmi les classes qui ne sont exposées ni à une vie malsaine, ni à la misère, soit chez les animaux domestiques, dans les contrées où le cultivateur qui les nourrit est dans l’aisance, pourquoi ne pas attendre du progrès de l’espèce humaine qu’un temps viendra où l’on n’aura plus à craindre qu’il en reparaisse de nouveaux ?