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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/459

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ÉLOGE DE FOURCROY.

et la reconnaissance de ceux qui lui étaient subordonnés, et il en reçut la récompense : lorsque M. de Saint-Germain crut, en 1776, devoir attacher auprès du ministre un officier supérieur du corps du génie, il consulta sur ce choix les directeurs de ce corps, et tous, d’une voix unanime, désignèrent Fourcroy, alors absent, qui, étonné d’être appelé par un ministre dont il se croyait inconnu, apprit de lui cette unanimité de ses confrères, si honorable pour eux. Ils avaient jugé qu’il réunissait toutes les qualités que cette place importante exigeait, des connaissances étendues, l’habitude et l’amour du travail, un zèle pur pour le bien du service, une probité sévère, une impartialité que, ni son intérêt, ni ses passions, ni même l’amitié n’égareraient jamais. Chacun en particulier sentit qu’il devait préférer un homme d’une justice immuable à celui auprès de qui il n’aurait eu qu’une faveur qui pouvait changer en un instant.

Fourcroy se montra digne de l’opinion qu’on avait eue de lui ; l’air de Versailles n’altéra point sa simplicité naturelle : tout entier à l’objet de ses travaux, sans ambition comme sans faiblesse, il se borna à être vrai sur les choses, et juste envers les hommes. Les fonctions de sa place, déjà peut-être supérieures à ses forces, étaient au-dessous de son zèle.

Disciple de Vauban, dont il admirait les talents, dont il était digne d’imiter les vertus, à voulut comme lui embrasser tout ce qui pouvait servir au bonheur de son pays, s’occuper, comme lui, de ces communications intérieures, si utiles pour établir