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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/512

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


seraient souillés s’ils n’étaient pas rendus à des âmes pures, malheur à l’écrivain qui oserait les décerner au coupable habile ou heureux, et permettre au méchant de croire qu’il est au pouvoir d’un rhéteur d’éblouir la postérité par des sophismes, et de lui faire confondre le crime avec la vertu ! L’art d’écrire n’est que le plus vil des métiers, s’il n’est pas l’art de faire aimer la vérité et d’inspirer la vertu. Jamais ma voix ne flétrira que le méchant ; jamais elle ne louera que l’homme vertueux. J’ai donc parcouru les fastes de notre histoire, les monuments que le temps a respectés, le ramas impur des libelles enfantés par l’esprit de parti ; j’ai tout pesé avec le scrupule que pouvait m’inspirer la crainte de louer un homme coupable, et j’ai été soulagé de trouver que, dans ce siècle de barbarie, il avait pourtant existé un homme sur qui la pensée peut s’arrêter avec douceur.

J’ai vu que, dans le procès du prince de Coudé, l’Hôpital avait toujours été semblable à lui-même, toujours supérieur à la crainte et même à l’opinion, n’écoutant que la vertu, et lui sacrifiant jusqu’à la gloire. Il n’eut dans sa conduite qu’un seul objet, celui de conserver un héros dont la vie lui paraissait nécessaire à l’État, d’épargner un crime à son roi, et un opprobre à son pays.

Non-seulement le souverain doit à ses sujets des lois justes, mais il leur doit aussi des juges dont le choix et les fonctions soient réglés par une loi générale et constante. Si les défauts mêmes de cette loi peuvent en rendre quelquefois la violation néces-