La maladie de François II vint tout sauver. Les Guises eussent voulu hâter la mort de Condé ; mais le monarque le plus absolu cesse de l’être, lorsque sa fin prochaine ôte à ses satellites l’espoir de la sûreté : c’est alors qu’il commence à expier sa vie ; la résistance qu’il trouve à ses volontés lui apprend qu’il n’est qu’un homme : déjà la vérité vengeresse élève la voix autour de lui ; déjà il prévoit l’anéantissement de ses projets et de ses vues ; sa faveur n’est plus que le sceau d’une disgrâce prochaine, sa haine le gage presque certain de la fortune et de l’amour public. Quel est donc, dans ces moments terribles, l’homme vraiment puissant ? C’est celui qui n’a dû sa force qu’à son génie et à ses vertus ; c’est celui qui, en laissant à l’humanité de grandes vérités ou des établissements qui assurent son bonheur, exerce sur tous les pays et sur toutes les g géné-
Condé, des magistrats connus par leur modération, respectés pour leur probité et leurs lumières. On accorda au prince des conseils. Ces magistrats, ces conseils, étaient les amis de l’Hôpital, avaient les mêmes opinions, les mêmes principes ; d’ailleurs, il était presque sûr que, pour sauver le prince de Condé, il ne fallait que gagner du temps. Quelque soin que l’on prît de cacher François II aux regards de ses sujets, et même de ses courtisans, il y avait, dans l’intérieur de sa maison, quelques protestants attachés au prince de Coudé, et l’on savait par eux ce que le cardinal de Lorraine voulait tant, cacher, que la vie de François ne pouvait être longue. La même raison qui obligeait les princes lorrains à se conduire avec tant de précipitation et d’audace, devait donc obliger les partisans secrets de la maison de Bourbon à ne leur opposer que des lenteurs, qui rendissent impossible la réussite des projets des Guises sans leur en ôter l’espérance.