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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/542

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


Trente a décidé sur le dogme ; mais il refuse d’admettre ses canons sur la discipline, canons trop contraires en quelques points aux lois de l’église de France, et où l’autorité ecclésiastique paraissait vouloir usurper les droits du pouvoir civil.

Cette conduite, et quelques lettres où le chancelier disait au pape la vérité et lui rappelait ses devoirs, l’exposèrent aux persécutions de la cour de Rome : peu de temps après l’affaire de Tanquerel, le pape écrivit à son légat d’engager la reine à faire arrêter Montluc et l’Hôpital, et de lui offrir, comme le prix de leur liberté, la permission d’aliéner pour cent mille écus de biens ecclésiastiques. Le chancelier conclut de ces offres que le roi pouvait sans doute oser, pour le soulagement de son peuple, ce qu’à Rome on croyait légitime pour persécuter les hérétiques ou emprisonner de bons citoyens ; et il fut résolu de vendre quelques biens du clergé pour acquitter quelques dettes de l’État.

Ces biens furent alors regardés par le chancelier, par l’assemblée des notables, par les états, comme appartenant à la nation ; les employer au soulagement du peuple accablé d’impôts, n’était-ce pas distribuer les aumônes d’une manière plus utile et plus égale ? C’était donc rendre ces biens à leur destination première ; et cet usage n’était-il pas sacré aux yeux même de la religion ? Cependant on dénonçait l’Hôpital à la nation comme un calviniste et un athée.

De ces deux imputations, la seconde n’était d’odieuse, la première pouvait être dangereuse ; la pro-