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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/572

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


que le poète a lui-même contribué au bien public dont il veut inspirer l’amour [1].

Un ouvrage plus utile et plus important occupa longtemps le chancelier de l’Hôpital. Il se proposa de comparer le droit romain avec nos usages et avec nos mœurs, de le rectifier, et d’en tirer un code de lois qu’on pût substituer à toutes nos coutumes. Ne connaissant pas les vrais principes de la législation puisés dans la nature, il les cherchait dans l’ouvrage des hommes le moins imparfait, et dans les lois d’un peuple à qui tous les peuples avaient obéi.

Les soins de l’agriculture, les travaux champêtres, les plaisirs simples et touchants d’un père de famille n’avaient point perdu leurs charmes pour l’Hôpital ; et cette âme longtemps remplie des plus grands objets, cette âme longtemps agitée des intérêts les plus importants, revint sans effort à tous les goûts de la nature.

L’Hôpital, en renonçant à sa place, n’avait pas eu besoin de changer de vie. Pauvre et retiré à la campagne, il y fut tel qu’il avait été à la cour, où il avait donné l’exemple d’une frugalité digne des héros de Rome ancienne.

Pendant son ministère, sa conversation instructive et agréable, formée d’un mélange piquant de philo-

  1. Il est beau de voir l’Hôpital, encore chancelier, conjurer, dans une épître touchante, le cardinal de Lorraine de ne plus s’opposer à la paix, et de permettre à la nation de respirer. Il est beau surtout de voir un ministre reprocher, en beaux vers, au duc de Guise, d’entourer le roi de satellites, et de lui apprendre à n’avoir plus besoin de l’amour de son peuple.