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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/574

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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.


consacrent l’assassinat par un arrêt : Coligny, que le roi appelait son père, à qui il avait juré, peu de jours auparavant, de le venger de ses ennemis, Coligny, accusé par ce même roi d’une conspiration imaginaire, est condamné, après sa mort, à un supplice infâme ; et pour donner à cette horrible fable une apparence de réalité, on traîne au supplice deux protestants que les meurtriers avaient épargnés.

Toutes celles des grandes villes où commandaient des hommes dévoués aux favoris imitèrent l’exemple que la capitale avait donné : on eut soin de prévenir les contre-ordres que les remords arrachèrent au roi peu de temps après les massacres.

La fille de l’Hôpital était à Paris : au crime de sa croyance, elle joignait le crime plus grand d’être la fille de l’homme vertueux à qui les meurtriers ne pardonnaient pas d’avoir suspendu leur rage pendant huit années ; la mère du duc de Guise eut le crédit d’arracher cette victime aux satellites de son fils ; l’Hôpital alors cessa de craindre. Les meurtriers avaient paru autour de sa maison : on lui propose de leur opposer une résistance qui laisserait aux remords et à la honte le temps de changer le cœur de Catherine et de son fils ; mais l’Hôpital ne peut regarder comme un bonheur de survivre à la désolation et à la honte de son pays : Si la petite porte ne leur suffit pas, dit-il, qu'on leur ouvre la grande.

Enfin, on lui annonce que le roi veut bien le laisser vivre : Je croyais n’avoir mérité, répond-il, la mort le pardon. Il mourut six mois après ; ses