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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/635

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ÉLOGE DE PASCAL.

les élevés dans son sein, et il suffirait de leur faire sentir vivement les horreurs du doute, et la paix qui accompagne une foi soumise, afin que, fatigués de leur incertitude, ils se rendissent moins difficiles sur les preuves de la religion chrétienne. D’ailleurs, le christianisme doit à ses nombreux ennemis, et à la supériorité de lumières qui règne dans les pays chrétiens, l’avantage d’être la seule religion qui puisse parler de ses preuves. Les autres règnent sur des peuples abrutis et crédules, et leurs ministres n’ont jamais connu d’autre manière de raisonner que de menacer au nom du ciel, d’ordonner des pratiques et d’inventer des miracles. Ainsi l’homme, convaincu du besoin d’une religion, et qui cherche la véritable, sera plus naturellement porté vers celle dont les sectateurs ont daigné raisonner. Enfin, Pascal, fortement convaincu de sa religion, croyait que pour la faire embrasser à l’univers, il suffirait d’inspirer aux hommes le désir violent et durable de n’être point trompés sur cet objet.

Un tel ouvrage, écrit avec une éloquence forte et passionnée, eût été sans doute utile au christianisme ; il eût encore servi à rendre en général les hommes religieux. Cela même devait être un grand avantage aux yeux d’un philosophe, qui ne voyait dans la morale humaine aucune base fixe sur laquelle on pût appuyer la distinction du juste ou de l’injuste.

La nature de l’ouvrage que Pascal méditait, la réputation de sainteté unie à celle du génie, l’adoration d’un parti, les clameurs de l’autre, tout inspira pour ses pensées une sorte de culte ; et lorsqu’un