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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/653

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SUR LES PENSÉES DE PASCAL.


véritable ordre, et qui marquera toujours mon objet par le désordre même.

« Je ferais trop d’honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu’il en est incapable, » (P. 235.)


CONDORCET. Tous ceux qui ont attaqué la certitude des connaissances humaines ont commis la même faute. Ils ont fort bien établi que nous ne pouvons parvenir, ni dans les sciences physiques, ni dans les sciences morales, à cette certitude rigoureuse des propositions de la géométrie, et cela n’était pas difficile ; mais ils ont voulu en conclure que l’homme n’avait aucune règle sûre pour asseoir son opinion sur ces objets, et ils se sont trompés en cela. Car il y a des moyens sûrs de parvenir à une très-grande probabilité dans plusieurs cas, et dans un grand nombre, d’évaluer le degré de cette probabilité.


PASCAL. « Notre instinct nous fait sentir qu’il faut chercher notre bonheur dans nous. Nos passions nous poussent au dehors, quand même les objets ne s’offriraient pas pour les exciter. Les objets du dehors nous tentent d’eux-mêmes, et nous appellent quand même nous n’y pensons pas. Ainsi les philosophes ont beau dire : Rentrez en vous-même, vous y trouverez votre bien ; on ne les croit pas, et ceux qui les croient sont les plus vides et les plus sots ; car qu’y a-t-il de plus ridicule et de plus vain que ce que proposent les stoïciens, et de plus faux que tous leurs raisonnements ?

«  Ils concluent qu’on peut toujours ce qu’on peut quel-