rendre ce témoignage, qu’il fait à l’État un bien au
moins équivalent à la somme qu’il reçoit pour salaire,
ou plutôt au mal que cette partie de l’impôt
fait souffrir au peuple, sur qui elle se lève. Cela
même ne suffit pas ; car l’homme riche doit compte
à la nation de l’emploi de son temps et de ses forces ;
ce n’est même qu’à ce prix qu’il peut lui être
permis de jouir d’un superflu sans travail, tandis
que d’autres hommes manquent souvent du nécessaire,
malgré un travail opiniâtre. Il faut donc, pour
avoir droit à une part sur le trésor public, que cette
part soit employée, par celui qui la reçoit, d’une
manière utile à la nation. Si ce principe d’équité
naturelle n’avait pas été étouffé par l’habitude ; si
l’opinion flétrissait celui qui s’en écarte, alors les
impôts cesseraient d’être un fardeau pénible, le
peuple respirerait, le prix de son travail lui appartiendrait tout entier ; et l’on ne verrait plus les
premiers hommes de chaque pays se dévouer uniquement
au métier de corrompre les rois, pour s’enrichir
de la subsistance du peuple.
8° Le souverain n’a pas le droit de rien détourner du trésor public, pour satisfaire ou ses fantaisies, ou son orgueil : ce trésor n’est pas à lui, il est au peuple. Une partie du superflu du riche peut sans doute être employée à consoler le chef d’une nation des peines du gouvernement ; mais cet emploi du tribut devient criminel, du moment où une partie de l’impôt se lève sur le peuple. Les courtisans parlent sans cesse des dépenses nécessaires à la majesté du trône. J’ignore toutefois si la vue d’un prince,