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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/75

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


par la compensation des erreurs produites par chacune d’elles. Vingt-trois ans après sa mort, cette limite, qu’il semblait avoir posée, n’avait pas été franchie ; M. D’Alembert en eut la gloire ; il expliqua également le phénomène de la mutation, nouvellement découvert, et répara l’honneur de la France, ou plutôt du continent, qui jusqu’alors n’avait eu rien à opposer aux découvertes de Newton.

Un seul géomètre, M. Euler, eût pu disputer cette gloire à M. D’Alembert ; mais en donnant une solution nouvelle du problème, il avoua qu’il avait lu l’ouvrage de M. D’Alembert, et fit cet aveu avec cette noble franchise d’un grand homme qui sent qu’il peut, sans rien perdre de sa renommée, convenir du triomphe de son rival.

En 1752, M. D’Alembert publia un traité sur la résistance des fluides, auquel il donna le titre modeste d’essai, et qui est un de ses ouvrages où l’on trouve le plus de choses originales et neuves.

La simple supposition que chaque élément de la masse fluide, en changeant de forme à chaque instant, conserve le même volume, lui suffit pour appliquer son principe aux questions les plus difficiles, et il est conduit à des équations de la nature de celles dont sa nouvelle analyse peut donner la solution : les réflexions sur les causes générales des vents contenaient le germe de ces découvertes ; mais ici elles sont développées, et la théorie du mouvement des fluides est enfin véritablement assujettie au calcul.

A la même époque, M. D’Alembert avait donné, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, des re-