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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/79

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.

Mais il s’était lié, depuis sa jeunesse, par une amitié tendre et solide, avec un homme d’un esprit étendu, d’une imagination vive et brillante, dont le coup d’œil vaste embrassait à la fois les sciences, les lettres et les arts, également passionné pour le vrai et pour le beau, également propre à pénétrer les vérités abstraites de la philosophie, à discuter avec finesse les principes des arts, et à peindre leurs effets avec enthousiasme ; philosophe ingénieux et souvent profond, écrivain à la fois agréable et éloquent, hardi dans son style comme dans ses idées : instruisant ses lecteurs, mais surtout leur inspirant le désir d’apprendre à penser, et faisant toujours aimer la vérité, même lorsque, entraîné par son imagination, il avait le malheur de la méconnaître.

Une traduction de l’Encyclopédie anglaise de Chambers, qui avait été proposée à M. Diderot, devint entre ses mains l’entreprise la plus grande et la plus utile que l’esprit humain ait jamais formée. Il se proposa de réunir dans un dictionnaire tout ce qui avait été découvert dans les sciences, ce qu’on avait pu connaître des productions du globe, les détails des arts que les hommes ont inventés, les principes de la morale, ceux de la politique et de la législation, les lois qui gouvernent les sociétés, la métaphysique des langues et les règles de la grammaire, l’analyse de nos facultés, et jusqu’à l’histoire de nos opinions. M. D’Alembert fut associé à ce projet, et ce fut alors qu’il donna le Discours préliminaire de l’Encyclopédie.

Il y trace d’abord le développement de l’esprit