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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/80

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


humain, non tel que l’histoire des sciences et celle des sociétés nous le présentent, mais tel qu’il s’offrirait à un homme qui aurait embrassé tout le système de nos connaissances, et qui, réfléchissant sur l’origine et la liaison de ses idées, s’en formerait un tableau dans l’ordre le plus naturel ; il verrait la morale et la métaphysique naître de ses observations sur lui-même ; la science des gouvernements, et celle des lois, de ses observations sur la société. Excité par ses besoins, il voudrait acquérir la connaissance des productions de la nature, et celle des moyens de les multiplier et de les employer. Le désir de soulager ses maux lui ferait inventer toutes les sciences sur lesquelles la médecine s’appuie, et dont le but est de perfectionner ou de rendre plus sûr l’art de guérir ; l’envie naturelle de connaître les propriétés les plus générales des corps le conduirait aux vérités de la chimie et de la physique. Bientôt, dépouillant successivement ces corps de toutes leurs qualités, pour ne conserver que le nombre et l’étendue, il formerait toutes les sciences mathématiques ; il déterminerait ensuite pour chaque science l’objet qu’elle doit se proposer, la méthode qu’elle doit suivre, le degré de certitude auquel elle peut atteindre. Forcé de les séparer, pour en pouvoir saisir et embrasser chaque partie, il observerait encore les liens imperceptibles qui les unissent, les secours qu’elles peuvent se prêter, et leur influence réciproque.

La suite de ce discours contient un tableau précis de la marche des sciences depuis leur renouvellement, de leurs richesses à l’époque où M. D'Alem-