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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/81

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


bert en traçait l’histoire, et des progrès qu’elles devaient espérer encore : les grands hommes des siècles passés y sont jugés par un de leurs égaux ; les sciences, par un homme qui les avait enrichies de grandes découvertes : et la réunion d’une vaste étendue de connaissances, cette manière d’envisager les sciences qui n’appartient qu’à un homme de génie, un style clair, noble, énergique, ayant toute la sévérité qu’exige le sujet, et tout le piquant qu’il permet, ont mis le Discours préliminaire de l’Encyclopédie au nombre de ces ouvrages précieux que deux ou trois hommes tout au plus dans chaque siècle sont en état d’exécuter.

Dès le moment où M. D’Alembert fut connu pour mériter une place distinguée parmi les philosophes et les écrivains, il eut, et il mérita toujours depuis d’avoir les ennemis que les succès dans les lettres et dans la philosophie ne manquent jamais d’attirer ; c’est-à-dire, la foule de ceux pour qui la littérature est un métier, et la classe plus nombreuse encore de ces hommes aux yeux de qui la vérité ne paraît qu’une innovation dangereuse.

Il publia, peu de temps après, des mélanges de philosophie, d’histoire et de littérature, qui augmentèrent le nombre de ses détracteurs. Les mémoires de Christine montrèrent qu’il connaissait les droits des hommes, et qu’il avait le courage de les réclamer.

L’essai sur la société des gens de lettres avec les grands déplut à ceux des littérateurs qui trouvaient dans cette société une utilité réelle ou l’aliment d’une