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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/85

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


entre eux, et se distribuer la gloire à leur gré. n’eut pas la même indulgence pour un géomètre littérateur et philosophe : quelques savants profitèrent de cette disposition générale, ils essayèrent modestement de faire croire qu’ils étaient au moins ses égaux ; et souvent des étrangers, qui n’avaient pas le même intérêt de déprimer sa réputation, ont été frappés de la contradiction qu’ils observaient entre l’opinion des sociétés de Paris et le jugement de l’Europe. M. D’Alembert crut voir la suite de la même injustice dans la manière dont sa solution du problème des trois corps était appréciée par quelques personnes (ce n’étaient pas celles qui l’avaient résolu ou qui auraient pu le résoudre), et il défendit avec chaleur des droits qu’il eût abandonnés même par amour-propre, si on avait été juste envers lui. Dans ses recherches sur le système du monde, M. D’Alembert examina la question de la figure de la terre. Newton doit être regardé comme celui qui l’a traitée le premier, car Huyghens avait démêlé seulement l’influence que le changement de la force centrifuge aux différentes latitudes devait avoir sur la force de gravité, mais sans avoir bien connu la vraie direction et la véritable loi de la pesanteur. Newton résolut le problème, en regardant la terre comme un solide homogène de révolution. M. Clairaut en donna la solution dans l’hypothèse d’une densité variable, mais la même dans chaque couche concentrique, et en supposant par conséquent que la force de la pesanteur est toujours perpendiculaire à la surface. Ces suppositions, quelque