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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/87

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


nients de l’exemple : Eh bien, leur répondit M. Camus, si un autre prétend à la même distinction, et qu’il ait autant de titres, il faudra bien l’accorder encore.

En 1759, M. D’Alembert publia ses Éléments de philosophie.

Il y développe les premiers principes et la véritable méthode des différentes sciences ; il montre les écueils qu’on doit éviter dans chacune, quand on ne veut pas risquer de s’égarer : il est peu de livres qui, dans un si petit espace, renferment plus de vérités ; et l’auteur, par la clarté avec laquelle il les analyse, par la propriété des expressions et la précision de son style, a su rendre ces vérités usuelles et accessibles aux lecteurs les moins familiarisés avec les idées abstraites. En retranchant un petit nombre de pages, où il est aisé de reconnaître les sacrifices que des convenances du moment ont exigés, cet ouvrage mérite d’entrer dans l’éducation de tous les hommes qui cherchent à s’instruire, parce qu’il est également propre à donner des idées justes sur tous les objets de nos connaissances à ceux qui ne veulent en approfondir aucun, et à préserver les savants des préjugés que l’étude à laquelle ils se livrent pourrait leur donner. On sait que chaque science a les siens, dont l’étendue des connaissances ou le génie ne saurait nous garantir, qui nuisent au progrès de la science même, et dont la philosophie est le seul préservatif.

On trouve, dans ces éléments, la solution d’une question importante déjà discutée dans la préface du