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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/88

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


traité de Dynamique. Les philosophes disputaient encore pour savoir si les lois du mouvement sont d’une vérité nécessaire ou contingente ; c’est-à-dire, si elles sont, les unes des vérités de définition, les autres des conséquences absolues de l’étendue et de l’impénétrabilité des corps, ou bien si ces lois sont l’effet d’une volonté libre qui les a établies pour conserver l’ordre de l’univers. M. D’Alembert résolut la question, et montra que ces lois sont nécessaires ; la découverte de son principe lui donna les preuves de cette vérité, et on peut regarder cette partie de son ouvrage comme une découverte en métaphysique, celle de toutes les sciences où jusqu’ici il a été le plus rare d’en faire de vraiment dignes de ce nom.

M. D’Alembert établit pour principe de morale l’obligation de ne pas regarder comme légitime l’usage de son superflu, lorsque d’autres hommes sont privés du nécessaire ; et de ne disposer pour soi-même que de la portion de sa fortune qui est formée, non aux dépens du nécessaire des autres, mais par la réunion d’une partie de leur superflu.

Il fait sentir dans ce même ouvrage l’utilité d’éléments de morale mis à la portée de tous les hommes, où les règles du devoir seraient établies par la raison, et les motifs de le remplir fondés sur la nature et sur la vérité. Plus d’une fois il fut tenté d’entreprendre ces éléments ; une seule raison l’en empêcha : il en avait formé le plan, et ce plan l’avait conduit à une question importante pour laquelle il n’avait pas trouvé de solution. L’ouvrage aurait été