Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/259

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les élèves sur les opérations qu’on leur enseigne. En effet, l’habitude des idées qui s’y rapportent, la promptitude dans l’exécution de ces mêmes opérations, l’impossibilité d’en oublier les principes pour n’en conserver que la routine, la facilité de les appliquer à des questions nouvelles, sont la suite naturelle et nécessaire du long temps employé à cultiver cette science. Alors, pourvu qu’on ne prenne pas une course trop rapide, pourvu que l’on n’excède pas la force de tête ou les bornes de la mémoire, il faut, au contraire, hâter la marche de l’instruction, aller en avant, craindre de refroidir l’ardeur naissante des élèves, en les traînant trop lentement sur les mêmes vérités, en appesantissant leur réflexion sur des idées qui n’ont plus le charme de la nouveauté. Mais si l’on enseigne une science dans la vue de l’utilité que l’on peut en retirer dans quelques circonstances de la vie, on ne saurait trop chercher, au contraire, à familiariser l’esprit des élèves avec les idées qui y sont relatives, avec les opérations qu’ils peuvent avoir besoin d’exécuter. Sans cela, ils oublieraient bientôt et les principes et la pratique elle-même. Si enfin on enseigne une science comme étant la base d’une profession, il est inutile d’arrêter les élèves sur la partie pratique de cette science, parce que l’exercice de la profession à laquelle on les destine conservera, augmentera même l’habitude nécessaire à cette pratique ; mais si on ne veut pas qu’elle devienne une routine, il faudra dans l’éducation insister beaucoup sur les principes de théorie, que, sans cela, ils seraient exposé