Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/260

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à oublier bientôt. Quiconque a observé les hommes dans la société, et les a comparés avec leur éducation, a dû être frappé d’en voir quelques-uns ne conserver presque aucune idée, ou n’avoir qu’un souvenir vague, et à peine quelques connaissances élémentaires des sciences qui avaient occupé une grande partie de leur jeunesse, et dont l’étude, portée même assez loin, leur avait mérité les succès brillants qu’on peut avoir à cet âge ; tandis que d’autres, livrés à des professions essentiellement fondées sur certaines sciences, en ont oublié les principes, sont devenus incapables d’en suivre les progrès, quoiqu’ils aient retenu les conséquences pratiques de ces principes, et que ces progrès fussent utiles, peut-être même nécessaires au succès de leur profession. Cependant, ces mêmes sciences avaient été la base de leur instruction, avaient consumé dans une étude pénible une grande portion de leur existence.

Or, ici l’objet de l’éducation est de donner aux élèves les connaissances dont ils pourront avoir besoin dans la vie commune.

Il est donc nécessaire, en apprenant l’arithmétique aux enfants, d’insister beaucoup sur les raisons de toutes les opérations qu’elle exige, et de leur faire multiplier ces opérations, afin de les rendre habituelles ; surtout comme il est important que cette facilité ne se sépare jamais de l’intelligence des principes, il faut leur en faire acquérir l’habitude en les exerçant sur des nombres assez petits, parce que, sans cela, leur attention ne pourrait suffire pour