Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/299

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ses ministres, loin de s’épurer, se corrompt nécessairement, et porte sa corruption dans toutes les parties de l’ordre social. Sans nous arrêter aux exemples voisins de nous, qui frappent tous les yeux, mais qu’on ne peut citer sans blesser les esprits faibles et les âmes timides, il suffit d’observer que les superstitions absurdes de l’Inde et de l’Égypte n’en souillaient point la religion primitive ; que, comme toutes les religions des grands peuples agriculteurs et sédentaires, elle avait commencé par un pur déisme mêlé à quelques idées métaphysiques, prises de la philosophie grossière et exprimées dans le style allégorique de ces premiers temps, et que l’ambition des prêtres, devenus les précepteurs de ces nations, a seule converti ces croyances en un vil ramas de superstitions absurdes, calculées pour l’intérêt du sacerdoce. Il ne faut donc pas se laisser séduire par des vues d’une économie apparente. Il faut encore moins se livrer à l’espérance d’une perfection mystique, et l’on doit se contenter de former des hommes sans prétendre à créer des anges.

Durée des fonctions des maîtres.

L’utilité publique exige que des fonctions qui demandent une longue préparation aient une sorte de perpétuité. On pourrait fixer la durée de celle des maîtres à quinze ans pour certaines places, à vingt pour d’autres ; mais, après ce temps, ils pourraient être continués. Cet espace est une grande portion dans la vie d’un homme. Parmi les projets, les plans