Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/345

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que les considérations de la dépense, du temps, des difficultés à vaincre, disparaissent pour le savant, elles sont tout pour le spéculateur. Cette différence sera plus grande encore, tant qu’une instruction plus générale n’aura pas rapproché la langue des savants et la langue vulgaire.

Il est important d’établir une communication rapide de lumières entre les hommes qui s’occupent de ce premier des arts. La nature de leurs travaux les attache au soi où ils l’exercent ; ils ne peuvent, sans des secours étrangers, éclairer leur pratique que par les observations faites autour d’eux. Les expériences qui dépendent de la marche des saisons, de l’ordre des productions naturelles, sont lentes et difficiles à multiplier ou à répéter.

Il faut, enfin, que les habitants d’une étendue de terrain, soumise, à peu près, au même climat, connaissent la différence des méthodes qui y sont en usage, des produits qu’on y cultive, des préparations qu’on leur donne, des usages auxquels on les emploie, des débouchés qui leur sont offerts, afin de pouvoir distinguer ce qui, dans ces différences, appartient à la nature, et ce qui n’est que l’effet des habitudes, des opinions, des lois établies. C’est par la réunion de ces moyens que, sans dépense et sans contrainte, on parviendra, peu à peu, à faire porter par chaque terre tout ce qu’elle peut produire de plus utile, soit à celui qui la cultive, soit à ceux qui en consomment les productions ; car cet intérêt est le même ; et si l’on peut quelquefois les trouver dans une opposition apparente, ce mal a toujours pour cause quel-