Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que loi prohibitive, quelque atteinte portée à la liberté dans des lieux plus ou moins voisins, à une époque plus ou moins éloignée. Le mal que produisent de telles lois marche rapidement à la suite, tandis que le bien opéré par la liberté se fait avec lenteur ; l’un est l’effet instantané du découragement qui cède à la force, et gémit en silence sous le bras oppresseur de la nécessité ; l’autre l’ouvrage toujours lent de l’industrie, et le fruit tardif de longues épargnes. On doit joindre à l’économie rurale cette partie de la médecine humaine ou vétérinaire qui veille à la conservation des individus, éclaire sur le régime qu’ils doivent suivre, sur les dangers dont il faut les préserver ; celle qui enseigne à traiter les incommodités légères, à panser les petites blessures ; celle, enfin, qui indique les premiers moyens qu’il faut opposer aux accidents imprévus, connaissance nécessaire à ceux qui ne peuvent être assurés de trouver à l’instant même des secours éclairés. Ici la philosophie doit balancer les inconvénients de l’ignorance absolue, les erreurs d’une connaissance imparfaite, et les dangers plus grands encore des préjugés qui en tiennent la place ; elle doit supprimer des conseils salutaires quand une application maladroite les rendrait funestes, mais les donner, s’ils peuvent servir à détruire des pratiques fondées sur l’ignorance, et plus dangereuses en elles-mêmes que par les erreurs de l’application.