Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/354

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truction soit facile, et elle deviendra pour eux un plaisir. Ne jugeons pas ces hommes de la nature qui, au milieu de leurs occupations monotones, ne sentent pas le besoin d’être agités par des sentiments vifs, ou occupés d’idées nouvelles, d’après le tourment que nous fait éprouver une activité qui consume plus d’aliments qu’elle n’en peut rassembler. N’en jugeons point d’après notre dédain pour tout ce qui n’est que modestement utile, croyons qu’ils peuvent trouver à apprendre des choses communes un plaisir qu’un retour de vanité ne corrompt point, que l’habitude d’impressions plus fortes n’a point émoussé. Heureux par les seuls sentiments de la nature, satisfaits d’une nourriture grossière, leur corps, leur âme, leur esprit sont à l’unisson ; et, en tout genre, des aliments simples suffisent à leurs désirs.


La connaissance des moyens de s’instruire par les livres doit faire partie de l’enseignement.


Il faudrait surtout leur apprendre à s’instruire par les livres. Dans quelques genres de sciences, la lecture, indépendamment de tout autre secours, suffit pour tout connaître. Telles sont les sciences mathématiques. Les maîtres peuvent faciliter le travail ; la conversation des savants célèbres peut quelquefois faire naître des idées, éclairer sur la marche du génie, sur quelques difficultés qui appartiennent au dernier terme de la science ; mais cette utilité est presque insensible. Il n’en est pas de même des