Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/355

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sciences physiques. Eût-on réuni dans les livres toutes les ressources que l’art du dessin ou même la peinture peut leur prêter, ceux qui n’auraient que ce moyen d’instruction n’y puiseraient que des connaissances très imparfaites, toujours vagues et souvent fausses. En général, les livres rendent rigoureusement toutes les idées abstraites, mais ils ne présentent les objets réels que d’une manière incomplète et pénible. Entre ces objets et la peinture que la parole peut en tracer, il reste toujours une différence que la seule habitude d’étudier tour à tour les choses et les livres peut faire disparaître. La description d’une machine ou d’une plante, le récit d’une expérience chimique ne suppléent à la vue ni de la machine, ni de la plante, ni de l’expérience, que pour ceux qui ont déjà des connaissances réelles dans la mécanique, dans l’histoire naturelle, dans la chimie. C’est donc pour eux seuls que le plan ou la description d’une machine est la machine même, que le récit de l’expérience, s’il est bien fait, en met sous les yeux les procédés et les résultats ; qu’enfin, l’idée de l’objet qu’ils n’ont pas vu peut être la même que celle qui, après l’avoir observé, leur serait restée dans la mémoire. Il faut, dans ces différents genres, qu’une instruction prise sur les objets mêmes ait précédé celle que les livres peuvent donner.

Dans d’autres genres, il faut de plus apprendre à les lire. Quelque bien fait que soit un livre, il n’aura jamais qu’une demi-utilité, si celui qui le lit ne sait pas comment trouver, dans un autre, un éclaircissement dont il a besoin, chercher un mot dans un dic-