Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/375

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pu déployer à leur premier réveil une raison plus pure, plus étendue, plus forte que celle même des peuples libres. Que ceux qui voudraient nier ces effets se rappellent Brutus accoutumant un peuple esclave aux fiers accents de la liberté, et au bout de soixante ans, dans le siècle où l’esprit humain a fait les progrès les plus rapides, se trouvant encore au niveau de la révolution française. Mais ces mêmes moyens peuvent corrompre l’esprit public comme ils peuvent le perfectionner ; il faut donc veiller sur eux, mais sans nuire aux droits de l’indépendance naturelle. Le théâtre doit être absolument libre. En a-t-on fait un moyen de porter atteinte aux droits des citoyens ? c’est un délit qu’il faut réprimer, et la possibilité d’abuser de la liberté ne donne pas le droit de la gêner. Adoptez le principe contraire, et il n’y restera rien de libre que par l’indulgence arbitraire du législateur ; car il n’y a rien qui, dans les mains d’un homme pervers, ne puisse devenir un instrument de crime. Mais la puissance publique, en honorant de ses regards les théâtres où l’on parle aux hommes un langage digne d’eux, en laissant les autres dans la foule des divertissements obscurs dont elle ne daigne pas remarquer l’existence, peut aisément les obliger à se conformer à ses vues.

L’on doit établir à des jours réglés des fêtes nationales, les attacher à des époques historiques. Il y en aurait de générales et de particulières. Une ville, dont les citoyens se seraient distingués dans une occasion mémorable, en consacrerait l’anniversaire par une fête ; la nation célébrerait celles où elle a