Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/393

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Toutes ces connaissances ne sont pas nécessaires à chaque profession, ou ne le sont pas au même degré. L’instruction utile à un fabricant d’étoffes ne ressemble pas à celle dont un serrurier a besoin ; l’instruction d’un charpentier doit différer encore plus de celle d’un teinturier. On pourrait, il est vrai, former de ces métiers différentes classes, dont chacune renfermerait ceux qui ont le plus d’analogie, et aurait une instruction particulière ; mais la plupart d’entre eux exigeant des connaissances de différente nature, et qui seraient cependant les mêmes pour ces diverses classes, on ne pourrait suivre ce système d’instruction sans le rendre trop dispendieux par la multiplicité des maîtres, ou sans restreindre le nombre des établissements de manière à en perdre le plus grand avantage, celui de répandre les lumières avec égalité. Il ne serait pas d’ailleurs sans inconvénient de séparer, dans différentes villes, l’instruction destinée à ces diverses classes, dans la vue de diminuer la dépense. L’intérêt de la société est que les arts se répandent partout d’après le besoin seul, que les professions s’unissent et se séparent librement.

Il faut cependant combiner l’enseignement de manière que ceux qui se destinent à une profession puissent apprendre seulement ce qui leur est nécessaire. Occupés de leurs travaux, ils rebuteraient une instruction qui ne leur offrirait pas l’idée d’une utilité immédiate et directe. Il faut donc que J’enseignement de chaque maître soit partagé de manière que les diverses parties des cours qu’il enseignera répondent aux besoins plus ou moins étendus que