Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/396

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damnés à une infériorité si grande en elle-même, si funeste dans ses effets ; ils pourront, par leur application, atteindre du moins un degré de médiocrité qui rendra leur travail suffisant pour leurs besoins. Enfin, ceux d’entre eux que le hasard a destinés à ces professions mécaniques, mais à qui la nature a donné des talents réels, ne seront perdus ni pour la société ni pour eux-mêmes. Si cette instruction ne leur suffit pas pour s’élever au point où, nés dans une autre fortune, ils pouvaient espérer d’atteindre, au moins elle leur ouvrira une carrière utile et glorieuse. Celui qui avait le germe du talent de la mécanique se distinguera par des inventions dans les arts ; celui qui était appelé à la chimie, s’il ne fait pas de découvertes dans cette science, perfectionnera du moins les arts qui en dépendent ; leur génie ne sera point dégradé ; il pourra se diriger encore vers un des emplois qui entrent dans le système général de perfectionnement de l’esprit humain. Si même les dispositions naturelles de quelques-uns les appellent aux connaissances purement spéculatives, cette instruction suffira pour leur en ouvrir la carrière, pour constater ces dispositions, et leur faciliter, par là, les moyens de remplir leur destinée.

Ceux qui sont nés avec une grande activité d’esprit trouveront, dans ces études, des objets sur lesquels ils pourront l’exercer, des principes propres à la diriger vers un but réel ; ils ne seront plus exposés à chercher souvent ce qui est trouvé, plus souvent ce qui ne peut l’être ; ils apprendront à connaître leurs forces, à ne pas tenter ce qui est trop au-dessus