Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/405

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qui, dans les premières écoles, auraient montré le plus de talent.

La supériorité de la théorie peut seule donner à la marine française l’espérance d’égaler celle d’Angleterre. Il y a une si grande différence dans le rapport de l’étendue des côtes à la superficie du pays et au nombre des hommes, dans celui des denrées transportées par mer à la consommation totale, que la nation française ne peut devenir, comme l’anglaise, presque entièrement navigatrice. Si l’on compare le commerce de la France à celui de l’Angleterre, on verra que la première se borne presque à l’exportation de ses denrées, à l’importation des denrées étrangères destinées à sa consommation, et qu’auprès de la masse de son commerce national celui de factorerie n’a qu’une faible importance. Il est immense pour l’Angleterre. Cette différence doit diminuer sans doute ; la destruction successive de cette richesse précaire doit finir par affaiblir la puissance anglaise ; et, lorsqu’il existera entre les nations du globe une égalité plus grande d’industrie et d’activité, il lui arrivera ce qu’ont éprouvé la Hollande et Venise, et ce qu’éprouvera toute nation qui aura placé hors de son sein la source de sa prospérité et de sa force. L’ambassadeur d’Espagne, qui répondit aux Vénitiens, lorsqu’ils lui étalaient avec orgueil les trésors de la république, ma chi non e la radice leur donnait une grande leçon dont l’Espagne elle-même aurait pu profiter.

Il arrivera, sans doute, un temps où la puissance militaire n’aura plus sur mer la même importance.