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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/57

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d’amérique sur l’europe.

chèrent en grand nombre, les armes à la main, et empêchèrent dans quelques comtés le cours des tribunaux, sans commettre aucun autre désordre. Le gouverneur convoqua sur-le-champ la cour générale[1]. Il fut résolu de mettre sur pied un corps de quinze cents hommes, sous le commandement du général Lincoln, et de le renforcer du nombre de milices qui serait nécessaire pour dissiper l’émeute et rétablir le bon ordre.

Dans l’intervalle, le général Sheppard avait rassemblé environ huit cents hommes de milice, pour mettre à l’abri l’arsenal de Springfield. Shayes, accompagné de douze cents hommes, l’ayant sommé de se rendre, il lui répondit par une décharge d’artillerie qui tua quatre hommes, en blessa plusieurs et dispersa tout le reste. Ils se réunirent ensuite à quelque distance ; mais le général Lincoln, au moyen d’une marche extrêmement précipitée, termina l’affaire en un instant[2]. Une haute colline l’empêcha de les surprendre ; cependant il fit cent cinquante prisonniers, et dispersa les autres entièrement sans verser une goutte de sang. Shayes échappa avec dix-sept des plus séditieux, et l’on croit qu’ils sont maintenant en Canada : les autres s’en retournèrent chez eux.

Le premier échec qu’ils rencontrèrent leur fut

  1. Le lecteur se rappellera que dans cet État on appelle cour générale l’assemblée du corps législatif.
  2. La nuit qui précéda cette action, il fit trente milles depuis huit heures du soir jusqu’à neuf heures du matin, quoique les chemins fussent couverts d’une grande épaisseur de neige.