gouvernement, tandis qu’ils devraient être élus par les justiciables, ce que la création si utile de vos deux ordres d’assemblées rendrait si facile. On peut citer encore la réunion si dangereuse de la justice civile et de la justice criminelle dans un même tribunal. L’idée de faire respecter les lois, en rendant les juges redoutables et puissants, comme celle de rendre plus imposante la résistance des corps chargés de vérifier les lois, en leur confiant le pouvoir de les exécuter, se trouvent également répétées dans presque toutes les déclamations de vos prétendus apôtres de la liberté ; et je connais peu d’institutions plus dangereuses pour la liberté comme pour la sûreté des citoyens.
Quant aux défauts particuliers au nouvel ordre, j’en remarque deux principaux : le premier, d’avoir établi des juges à part pour les affaires où il s’agit de sommes plus fortes ; et, ce qui est plus mauvais encore, d’avoir établi dans la justice criminelle des juges différents pour ce que vous appelez le tiers état, et pour vos deux premiers ordres.
Je ne trouve ni juste, ni bien politique, de donner aux gens riches des juges pour eux seuls, de retenir dans un état subalterne les juges même souverains du reste de la nation, et de créer ainsi des tribunaux qui auraient beaucoup d’importance et peu d’affaires, et où, par conséquent, les places flatteraient l’orgueil sans effrayer la paresse.
La plus grande difficulté pour la composition des tribunaux civils, dans les pays corrompus par l’extrême inégalité des richesses, est sans doute de trou-