ver le moyen d’avoir des juges éclairés et honnêtes pour les causes du pauvre, pour celles dont le gain ne dédommagerait pas d’une faible dépense faite pour les défendre.
Mais je crois qu’on doit chercher d’autres ressources qu’une distinction de tribunaux souverains, formée d’après l’importance des affaires. Celle-ci ne devrait être employée que dans le cas où l’on pourrait craindre qu’une véritable réforme de la jurisprudence civile ne trouvât trop d’obstacles. Au reste, c’est moins par vos juges que par vos procureurs, vos avocats, etc., que les plaideurs sont ruinés. Je sais bien que dans les querelles avec le gouvernement, ces suppôts de la justice sont d’excellents soldais, et que les magistrats les payent ensuite à vos dépens, du zèle qu’ils ont témoigné pour la cause commune ; mais le gouvernement ne leur doit pas la même reconnaissance, et n’est pas obligé de leur laisser ce noble dédommagement de leurs pertes.
Je ne puis approuver encore moins que les gentilshommes et les ecclésiastiques aient des juges particuliers pour leurs affaires criminelles. Tout ce qui tend à consacrer, à augmenter les distinctions entre les hommes, est mauvais en lui-même. On a été obligé autrefois dans votre Europe de donner au peuple des juges tirés de son sein pour le soustraire à la tyrannie des nobles ; mais ce n’était qu’un palliatif, pour un mal dont il est plutôt question aujourd’hui de détruire les restes.
D’ailleurs, comme les nobles et les ecclésiastiques auraient ces juges séparés pour leurs causes person-