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lettres d’un citoyen

forment ces cris, qu’on peut juger si c’est la liberté qu’ils demandent ou l’anarchie et l’augmentation de leur pouvoir ; et je ne croirai jamais à l’amour de la liberté qui réclame des privilèges, et qui, au lieu de prendre des précautions contre l’influence de la populace, ce fléau des États policés, semble plutôt l’appeler à son secours, et en faire l’instrument de ses desseins.

J’achevais cette lettre lorsque l’arrêt du conseil sur la convocation des états généraux a paru. La nation est consultée sur la forme de cette assemblée d’une manière aussi régulière que sa constitution actuelle peut le permettre ; car la méthode adoptée en Amérique, celle des conventions extraordinaires convoquées pour un seul objet, cette institution si utile dont nous avons donné l’exemple, ne pourrait être employée dans un pays où les prétentions des ordres différents, comme celles de plusieurs provinces, ne permettent pas d’espérer qu’une telle assemblée formée d’après les principes d’égalité, qui en sont la base nécessaire, obtînt une approbation générale. D’ailleurs, ces conventions supposent une certaine confiance dans les principes de la raison naturelle, la connaissance et l’amour des droits généraux et essentiels de l’humanité ; enfin, cette manière calme de traiter les affaires publiques, qui n’exclut pas le véritable zèle, mais au contraire le prouve beaucoup mieux que de violentes et injurieuses déclamations.

Je vous parlerai donc dans une dernière lettre, fie ces étals généraux pour la convocation desquels