Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
130
sentiments d’un républicain

instructions à nos représentants ; leur vigilance eût écarté d’eux la corruption, l’esprit de cabale, l’ambition, l’orgueil aristocratique.

Et c’est à l’instant même où tout se prépare pour donner au peuple français un gouvernement supérieur, à beaucoup d’égards, à celui d’aucun peuple, et combiné de manière à ne pouvoir craindre aucune révolution, à se perfectionner par le progrès des lumières sans pouvoir jamais en contrarier l’heureuse influence ; c’est dans le moment où la nation entière est appelée à discuter ses intérêts d’une manière moins illusoire que dans aucun autre pays de l’Europe ; c’est dans ce moment qu’on demande, non une assemblée nationale telle que nous venons d’en tracer l’idée, mais les anciens états généraux ; c’est en ce moment qu’on voit se réunir, pour faire cette demande, non-seulement tous les corps de magistrature, mais le clergé, mais des états de province, mais des assemblées particulières formées en tumulte par la noblesse. On avait applaudi avec transport à l’établissement de deux assemblées provinciales, quoique leur constitution fût vicieuse, quoiqu’elles ne fussent que de véritables aristocraties ; et cet établissement général d’assemblées vraiment représentatives semblait n’exciter que des murmures. Je vais essayer d’expliquer ce phénomène ; il peut en résulter des lumières sur les précautions qu’il faut prendre pour que ces états généraux, si ardemment demandés, soient utiles au peuple, et ne lui soient point funestes.

Il était aisé de prévoir que les assemblées provin-