Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
133
sentiments d’un républicain

des communautés séduites par ses violentes déclamations contre le despotisme. Peut-elle croire de bonne foi que la constitution de ces états soit vraiment populaire ? peut-elle croire qu’elle soit légitime ? a-t-elle jamais été consacrée par le vœu du peuple ? n’est-elle pas l’ouvrage du hasard, de la coutume, des différentes circonstances qui ont accompagné la destruction du règne féodal ? Si pendant quelques siècles, de barbarie, l’usage a pu rendre cette forme légitime, pourquoi un siècle et demi d’interruption dans un temps moins barbare n’aurait-il pu la faire tomber légitimement en désuétude ? Mais celte forme est aristocratique, et par conséquent tout devient permis pour la défendre.

Vous voyez donc comment tous les intérêts aristocratiques ont dû se réunir contre les assemblées provinciales, et prendre, pour y réussir, deux moyens : l’un la demande des états généraux, l’autre la réclamation de privilèges particuliers aux différentes provinces.

Ces états, que jamais aucune assemblée nationale n’a ni établis ni adoptés, ce qui aurait été nécessaire pour leur conférer une autorité vraiment légale, puisqu’ils sont sous une forme aristocratique, puisque les privilégiés y sont pour deux tiers et la nation pour un seul, et que tout privilège, tout droit qui n’est pas égal pour tous, suppose une concession ; ces états n’ont jamais eu ni forme constante, ni des droits fixes. Cependant ils inspirent un vieux respect.

Il y avait lieu d’espérer qu’en les convoquant sous la forme ancienne, par bailliages et non par pro-