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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/144

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sentiments d’un républicain

relie, occupée du soulagement du peuple, ils ne pourraient s’empêcher de comparer ces administrations à la leur, où les dix-neuf vingtièmes de la province n’ont que le tiers des voix, où le corps du peuple n’a que des députés, et les nobles, une séance personnelle ; où, pour ce qui est décidé par la pluralité des ordres, le peuple se trouve dans la dépendance des privilégiés, tandis que la nécessité de l’unanimité des ordres pour d’autres décisions, rend indestructibles tous les abus favorables aux ordres privilégiés ; où la forme établie pour l’impôt le plus productif, fait payer au pauvre seize fois plus qu’au riche ; où le peuple est obligé de contribuer à des frais immenses d’administration, à des dépenses de luxe, que le gouvernement a voulu inutilement réduire plus d’une fois ; où enfin, une partie des impôts est employée en pensions, en gratifications pour la noblesse ; et alors, si le gouvernement écoutait les plaintes du peuple, si la province obtenait une fois une assemblée de représentants vraiment légitime, il était vraisemblable que cette assemblée représentative demanderait et obtiendrait la destruction de ce corps aristocratique, qui en a usurpé le nom et les fonctions naturelles.

Le parlement de Dauphiné avait rejeté l’établissement des assemblées provinciales, et surtout celui des assemblées de département, et il est évident que les assemblées provinciales, si elles étaient seules, seraient ou pourraient aisément devenir des corps aristocratiques. Aujourd’hui la noblesse de cette province réclame ses anciens états, et entraîne après elle