Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/155

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sentiments d’un républicain.

gentilhomme ; une telle autre, comme prêtre ; une troisième, comme magistrat : il emploie son esprit, non à connaître ses droits, ses intérêts, ses devoirs, mais à savoir comment il soutiendra ce que l’avis de son ordre ou de sa compagnie lui a prescrit de penser et de croire ; il adopte aujourd’hui, à la suite de gens qu’il méprise au fond du cœur, les mêmes principes qu’hier il tournait en ridicule ; il ne se doutait pas, ou il se moquait, il y a deux jours, de l’opinion pour laquelle il jurera demain qu’il est prêt à sacrifier sa vie.

Vous avez fait imprimer mes lettres ; je ne le trouve pas mauvais. Mon style, malgré son air étranger, peut se soutenir a côté de celui de vos pamphlets. Mais votre imprimeur a cru bonnement que mes lettres étaient de vous, et y a mis les lettres initiales de votre nom, ce qui, de ma connaissance, les a fait attribuer déjà à cinq ou six personnes. Elles s’en défendent en disant qu’elles n’auraient pas fait un si mauvais ouvrage. Heureusement les gens de mon pays n’écrivent point pour la gloire, mais pour dire les vérités qu’ils croient utiles.