Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un généalogiste légalement établi, ne peut être une nation libre.

XI.

Le pouvoir des prêtres, qui n’est fondé que sur l’opinion ; et la liberté absolue du culte et de la presse, en est le seul remède. Dans les pays livrés à l’ignorance, ce despotisme est celui des prêtres mêmes ; c’est devant eux que la nation courbe la tête : tel fut leur pouvoir en Europe jusqu’à la fin du seizième siècle, temps où les yeux des laïques commencèrent à s’ouvrir. Chez les nations éclairées, ce despotisme se confond avec celui de la populace. Nulle part, en Europe, excepté peut-être dans quelques républiques suisses, le despotisme du clergé seul n’est à craindre, mais il le devient quand il se réunit à celui des grands ; c’est ce qu’on voit aujourd’hui dans les Pays-Bas, et ce qu’on a vu en France pendant l’assemblée des notables.

Dans les pays où la religion est libre, la division des prêtres en plusieurs sectes diminue leur crédit ; et dans ceux où la presse est libre, ce n’est plus des prêtres seuls que la populace reçoit ses opinions ; d’ailleurs, la crainte de passer pour des sots ou pour des hypocrites empêche les grands de se réunir aux prêtres. On peut objecter l’exemple de l’Angleterre. Mais, 1° en Angleterre, la presse n’est pas libre sur les objets de religion. 2° La liberté de culte n’y est pas établie. 3° L’Angleterre est en général gouvernée par des partis, par des associations de gens accrédités, et ces partis conservent soigneusement le