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réflexions

pliaient des questions interminables sur la forme, la composition, la compétence des états ; l’espoir de ces hommes artificieux était de régner par le trouble ; mais le patriotisme du militaire a trompé leur attente : de braves gentilshommes, dont le nom sera cher à la postérité, ont donné l’exemple mémorable de jeter leurs armes, plutôt que de répandre le sang de leurs frères.

Alors tous les yeux se sont ouverts, partout l’obéissance a été raisonnée, partout l’honneur a prescrit une résistance passive ; et les cris de la nation ont nécessité la chute de ses tyrans éphémères.

Un ministre, appelé par la voix publique, leur a succédé : après de longs délais, la nation est enfin convoquée : puissent ses députés se réunir bientôt, et la France obtenir dans peu la constitution après laquelle elle soupire depuis si longtemps ! Elle y parviendra, sans doute, si un levain d’influence secrète du dernier ministère ne fait pas germer des principes de division, que ses agents ont répandus avec des intentions criminelles.

C’est de l’union de tous les citoyens, du patriotisme de tous les ordres et de toutes les provinces, que dépend aujourd’hui le salut de l’État.

Un nombre immense d’écrits incendiaires répandus par les anciens suppôts de l’autorité ministérielle soulève le tiers état contre la noblesse.

On cherche à persuader au clergé qu’aucune de ses propriétés ne sera respectée par les états généraux.

Loin de nous ces pertinences de discorde !