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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/277

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L’universalité des citoyens a été la victime du pouvoir arbitraire.

Si, au lieu de nous réunir pour repousser ces attaques, nous pensons que des prééminences, des différences de rang ou des fonctions doivent établir entre nous des intérêts opposés, bientôt la France, anéantie par les convulsions les plus funestes, ira briguer elle-même les fers du despotisme, comme un forcené qui court au suicide ; ou bien rejetant avec fureur, même l’autorité légitime, l’effort de tous les citoyens les uns contre les autres dissoudra toutes les parties de la monarchie, déchirera le pacte social, renversera les soutiens de la fortune et de la liberté publique, et réduira vingt-quatre millions d’hommes au désespoir d’errer sans chef, sans lois, sans sûreté, sans propriété certaine, au milieu des débris de noire constitution. Perspective effrayante, mais non exagérée des dissensions intestines !

Détournons nos regards de ces images funestes, et, dirigés par un esprit véritablement national, souvenons-nous que ce n’est point des prétentions respectives de trois ordres, mais des droits de tous les citoyens que nous allons nous occuper.

Apportons à l’assemblée de la nation le vœu unanime d’abandonner tous ceux de nos privilèges dont la jouissance sera reconnue incompatible avec le bien général.

Alors nous n’aurons à redouter ni les malheurs du despotisme, ni les horreurs de l’anarchie, et nous concourrons tous également à cet accord universel de toutes les parties qui doivent composer un grand ensemble.