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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/457

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sur ce qui à été fait, etc.

dont une bonne constitution devait le dépouiller, en ne lui laissant tout au plus qu’un droit négatif, qui peut être quelque chose pour un loi, mais qui n’est rien pour ses ministres. Le concert avec le pouvoir judiciaire n’eût pas été moins nécessaire ; mais ce pouvoir était confié à des corps liés par leur composition et leurs prérogatives avec les ordres privilégiés, et qui ne pouvaient s’intéresser au succès d’une restauration dont leur réforme devait faire partie.

Le peuple est venu au secours de l’assemblée nationale, et la cause de la liberté a triomphé ; mais le pouvoir exécutif, comme le pouvoir judiciaire, sont restés sans force. Les lois anciennes sont devenues l’objet du mépris, avant d’avoir été remplacées par de meilleures lois ; la vieille constitution, ou ce qui en tenait lieu, était détruite, et la nouvelle n’était pas même commencée. Les dépenses se multipliaient, et les impôts n’étaient plus payés ; le crédit du gouvernement avait disparu, celui de la nation n’existait pas encore. Enfui, l’assemblée législative se trouvait exposée à l’influence des mouvements populaires qu’aucune force n’empêchait d’agir sur elle.

Dans un pays comme l’Amérique septentrionale, comme était l’Angleterre au moment de la révolution, une telle crise eût été sans danger.

La confiance eût pris la place de l’obéissance, le respect celui de la crainte. Mais, en France, où toutes les espèces d’autorités étaient héréditaires, vénales ou conférées par la volonté du prince, où le