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réflexions

tout l’exercice immédiat de ses droits, que le maintien de l’ordre et la nécessité de conserver l’unité permettent de lui laisser.

C’est en lui montrant qu’il ne peut agir que par ses représentants, qui, élus par lui, dépendants de lui fouilleur existence politique, responsables envers lui, suivant une forme légale, obligés de recevoir et d’examiner toutes ses représentations, ne pouvant exiger d’obéissance qu’en vers la loi, sont ses chefs, ses juges, ses défenseurs, et ne peuvent être ni ses oppresseurs, ni ses maîtres.

2o C’est ensuite le mépris et la haine pour les anciens pouvoirs. La loi martiale, la nouvelle loi criminelle, celles que l’assemblée doit y ajouter encore, suffiront pour anéantir ces deux causes d’anarchie. Le peuple cessera de haïr le pouvoir quand il pourra croire que la loi est égale pour tous les citoyens.

3o C’est en troisième lieu la haine et la défiance pour les classes supérieures.

L’anéantissement de tous les privilèges eût été un moyen suffisant de détruire ces sentiments, quoique exaspérés par le souvenir d’une longue oppression, et d’un mépris plus cruel que l’oppression même, si des circonstances malheureuses, l’indiscrétion de quelques amis du peuple, la maladresse et la méchanceté de ses ennemis, enfin, les complots de trois ou quatre chefs de brouillons plutôt que de conspirateurs, n’avaient concouru à entretenir cette haine et celle défiance. Animés de vues différentes, tendantes à des buts opposés, ils ont tous concouru à produire les mêmes effets.