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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 9.djvu/477

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sur ce qui à été fait, etc.

L’abondance dissiperait peu à peu les inquiétudes : mais l’abondance peut-elle se montrer, tant que les inquiétudes empêcheront la liberté de s’établir ?

Les secours du dehors pourraient être utiles, pour sortir de cette situation difficile ; surtout s’ils avaient l’air d’être le produit d’un commerce libre. Mais il faudrait s’assurer alors qu’ils ne seraient pas arrêtés en chemin ; que ceux qui les fourniraient ne seraient pas traités d’accapareurs ; que tout magasin, tout bateau sur lequel on aurait écrit qu’il est destiné pour telle ville, serait respecté.

Ces secours ont de plus perdu de leur valeur, par une circonstance particulière. Sous l’ancien régime, l’École militaire en était le dépôt ; alors, on pouvait y faire librement diverses opérations, tant sur le blé de Barbarie, que nos moulins ne peuvent aisément réduire en farine, et qui donne une farine un peu colorée en rouge jaunâtre, si on la mouille, que sur les farines qui ont contracté un peu d’odeur à la mer : on pouvait vendre aux amidonniers et aux colleurs les farines vraiment mauvaises. Ces mêmes opérations, devenues nécessairement publiques, n’ont pu se faire sous les yeux d’un peuple déjà inquiet, agité par des soupçons de complots et de projets sinistres, sans augmenter des craintes que des manœuvres coupables fomentaient encore.

On ne parlait du blé de Barbarie qu’avec une espèce d’horreur.

Les farines de l’École militaire étaient sans cesse exposées à des visites : celles qu’on avait condamnées comme gâtées, ont été détruites par le peuple,