Page:Condorcet - Discours sur les conventions nationales.djvu/10

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que l’une reconnoisse tous les hommes égaux, et que l’autre établisse des avantages en faveur des riches ; que l’une proscrivant toute distinction héréditaire appelle également tous les citoyens à tous les emplois, et que l’autre crée des emplois héréditaires ; que l’une déclare que les hommes doivent être jugés d’après les mêmes lois, et que l’autre décide que la personne d’un tel homme sera inviolable et sacrée ; je demande s’il peut exister alors un motif de se soumettre en même tems à des décisions évidemment contradictoires entre elles, si ce n’est la juste espérance de voir des erreurs si palpables, livrées à l’examen de la raison publique, disparoître bientôt devant elle. Il y a plus : telle disposition qui, présentée comme devant avoir une durée indéfinie, seroit une atteinte à la liberté, peut, si elle est susceptible d’une prompte révocation, n’être plus regardée que comme un sacrifice fait aux circonstances. Telle seroit par exemple, l’hérédité d’une place. Si une convention peut au bout de cinq ans, au moment même où la nation voudra le convoquer, détruire cette hérédité, que devient-elle alors si non un mode passager de remplacement, absurde peut-être en lui-